J’ai relevé cette phrase dans le numéro spécial du journal « Le 1 » dédié à la littérature néerlandaise. Une expression mise en avant par Robert Solé. Elle illustre la réalité du confort que l’on cherche tous, la pauvreté qu’elle nous impose aussi. Une raison supplémentaire pour sortir des sentiers battus 😉

Vol de Grues – ©Serge Nicolle oiseaux.net
J’en profite pour vous partager un formidable poème rédigé par Ester Naomi Perquin, élue « poète de la nation » néerlandaise en 2017 et traduit par Kim Andringa. Ce poème est paru dans le même numéro spécial du journal « le 1 » que je salue pour la grande qualité de son travail en apportant chaque semaine plusieurs regards sur une question d’actualité.
Comme l’indique Louis Chevallier, Ester Naomi Perquin nous dit, à sa manière, combien l’avenir reste pour notre société un secret dangereux.
Pour cause de problèmes logistiques
Mercredi, nous avons reçu un carton
Qui contenait notre avenir.
Il s’agissait bien sûr d’une erreur, nous l’avons aussitôt compris.
Le fabricant au téléphone semblait en panique.
Ne l’ouvrait pas, quoi que vous fassiez, ne l’ouvrez pas. Quelqu’un va venir sans tarder pour récupérer le carton.
Nous avons attendu, le carton posé au milieu de la pièce,
sur le tapis. C’est un gros carton. Et lourd.
Nous avons tiré des conclusions, bu du thé.
Puis, tout à tour, nous avons collé notre oreille au colis. Tout bas, on entendait de la musique. Le bruit d’un vol de grues
passant haut dans le ciel. Brouhaha. Un train à vapeur,
clairement un train à vapeur en partance.
Quand ça a sonné, nous venions juste de couper le scotch.
Une clarté souriait, comme l’humeur d’une plaie.
« Je viens chercher le carton », quelqu’un a crié
par la boîte aux lettres. « Ouvrez-moi. »
Mais nous sommes montés doucement dans le carton, voyant
que nous allions oublier en toute beauté ce que nous croyions qui nous attendait.